La normande

Vous l’avez forcément croisée dans les paysages normands. Peut-être aussi avez-vous repéré sa photo sur certaines boîtes de camembert. Pour les éleveurs, c’est la plus belle. Avec sa robe tachetée de trois couleurs : blanc (ou caille), marron (ou blond) et presque noir (bringé). C’est aussi une des rares vaches à porter des lunettes… du moins semble-t-elle en porter : son tour des yeux colorés fait illusion, qui lui permet néanmoins de mieux supporter les rayons du soleil et les insectes.

Si la vache normande est aujourd’hui indissociable du paysage bocager, c’est que la belle est, depuis des siècles, une grande mangeuse d’herbe. Dès la sortie de l’hiver, elle gagne les prairies pour y pâturer l’essentiel de l’année. La vache normande est une vache rustique parfaitement adaptée au plein air. Une race mixte qui excelle tant dans la production d’un lait d’une grande richesse, fort apprécié pour l’élaboration de fromages d’appellation d’origine, que pour sa viande, tendre et goûteuse, au persillé renommé.

Il est possible que son lointain ancêtre ait été introduit sur le sol normand par les peuples scandinaves, les Vikings, aux IXe et Xe siècles. L’information n’est pas officielle.
Ce qui est en revanche certain, c’est qu‘elle est issue d’efforts successifs de croisements et de sélection qui remontent au 18e siècle et font intervenir trois races locales : la Cotentine, l’Augeronne et la Cauchoise. Croisée au 19e siècle avec des taureaux anglais Durham, elle gagne alors en poids et prend l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. Le herd-book de la Normande – le registre généalogique de la race – a été créé en 1883.

La vache normande est un animal docile, de bon tempérament. La docilité naturelle de la race contribue à faciliter les conditions de travail de l’éleveur. Il est également à noter qu’un animal qui vit sans stress a une production de meilleure qualité. Des vaches bien dans leur tête, ce sont aussi des éleveurs plus sereins et fiers de contribuer au maintien d’une agriculture traditionnelle, respectueuse du consommateur et de la nature.

La vache normande est un animal de taille moyenne : 144 cm au garrot pour Madame, jusqu’à 155 cm pour Monsieur. Avec un poids moyen de 700 à 800 kg pour elle, de 900 à 1.100 kg pour lui. C’est un animal bien charpenté, robuste et puissant. La vache normande est naturellement moins fragile, moins sujette aux troubles métaboliques que nombre de ses congénères. Elle est connue, reconnue et appréciée pour sa fertilité, sa longévité, sa facilité de vêlage.
Ces qualités contribuent au confort de l’éleveur et à son revenu en diminuant le nombre d’interventions vétérinaires.

La Normande est une race que l’on qualifie d’herbagère. C’est dans les prairies qu’elle exprime le mieux ses qualités naturelles conjuguant agroécologie et bien-être animal. Et elle nous le rend bien par la qualité de ses produits. La vache peut digérer l’herbe grâce aux particularités de son système digestif constitué de 4 estomacs : la panse, le réseau ou bonnet, le feuillet et la caillette.

Une vache absorbe ainsi 70 kg d’herbe par jour. On estime qu’elle mange en moyenne 6 à 8 heures par jour, entrecoupées de périodes de rumination. Elle consacrerait ainsi 12 à 16 heures par jour à se nourrir. Sans oublier de boire : 30 à 90 litres d’eau par jour en fonction de la chaleur.